Jamais auparavant les médias grecs n’avaient autant parlé des… médias étrangers. Des journaux français comme La Tribune et allemand comme Die Ziet – très rarement cité habituellement – ont fait la « une ». Généralement peu présente, l’actualité internationale est devenue attrayante car elle parle… de la Grèce. Les commentateurs adoptent la critique douce ou jouent les Pythie, tout y en ajoutant un angle bruxellois : quel est le rapport entre les problèmes internes de Mme Angela Merkel et son attitude face à Athènes ? Combien de mesures d’austérité la Commission européenne va-t-elle encore exiger ? Les analyses sérieuses côtoient les clichés comme celui de la Victoire de Samothrace en train de mendier (1). Le ton est généralement à la résignation.77
Quant aux cinq chaînes nationales de télévision privée, elles assurent le rôle d’opposition. Après avoir soutenu les agriculteurs qui bloquaient des routes en demandant plus de subventions – mouvement qui s’est dégonflé au moment où les caméras ont plié bagages, elles donnent largement la parole à la partie du Pasok qui, mécontente de la politique menée, lance des appels publics à M. Georges Papandreou pour qu’il adopte des mesures moins austères. Elles ajoutent quelques cris du Parti Communiste et de la Coalition de la gauche (réformiste) tout récemment reconvertie aux bons vieux dogmes antilibéraux (2).
De son coté, M. Antonis Samaras, fraîchement élu à la tête de la Nouvelle Démocratie, le principal parti d’opposition, est resté très discret sur la responsabilité de son parti dans les énormes déficits actuels.
Loin d’initier un vrai débat public sur les issues possibles de la crise, les journalistes contribuent largement à la confusion et à la peur généralisées. Eléments qu’ils utilisent, par la suite, pour générer de nouveaux reportages.
Quant à la radiotélévision publique, elle a ses propres chats à fouetter. Elle essaye, elle-même, de sortir d’une situation désastreuse, créée par la Nouvelle Démocratie, et amplifiée par l’actuel pouvoir: salaires et primes hallucinants pour conseillers et directeurs allant jusqu’à 300 000 euros par an et par personne. Sans oublier les cinquante postes dits « spéciaux » offrant des rémunérations de l’ordre de 150 000 euros par an et quelques contrats en or pour des journalistes.
Les grands journaux ne sont pas à l’abri de la crise et doivent se débattre dans d’énormes difficultés, devenant la proie d’« investisseurs » financiers.
(1) Sculpture grecque datant du fin IVe – début du IIIe siècle avant J.C, représentant une femme ailée, symbole de la victoire
(2) Lire, Valia Kaimaki, «“Aux Banques, ils donnent de l’argent, aux jeunes ils offrent … des balles”», Le Monde diplomatique, janvier 2009.
Πηγή: Le Monde diplomatique